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                                                       Carlos Schwabe

                                                          (1866-1926)

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Né en 1866 à Altona (Hambourg), Émile Martin Charles Schwabe développe tôt une vocation artistique. Il quitte l'Allemagne avec sa famille vers 1870 et s'installe à Genève. Après des études à l'École des Arts industriels dans la classe de Mittey, il obtient la nationalité helvétique et devient citoyen genevois en 1886. Muni d'une bourse (la pension Lissignol) et après des séjours irréguliers à Paris, il s'y installe définitivement en 1888. Il participe bientôt à l'éffervescence qui voit l'émergence du mouvement symboliste et choisit le nom d'artiste de "CH. Schwabe", puis  "Carloz Schwabe", puis "Carlos Schwabe" ("Carlos Schwab" après 1907 et parfois "O. Carlos Schwab" après 1912). La Revue illustrée commence la publication en série de ses illustrations pour L'Évangile de l'Enfance en 1891, alors qu'il travaille au même moment à la commande pour illustrer Le Rêve de Zola. Son tableau Le Chant du soir ou Les Cloches (Rio de Janeiro, museu nacional de Belas Artes) est remarqué au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1891. Son art, fruit d'une pratique autodidacte, associe un dessin anguleux et "primitif" à une inspiration pleine de féérie et d'imaginaire. Il rencontre alors l'assentiment d'une critique qui prône la vision spirituelle et le souvenir des maîtres anciens contre le réalisme et le naturalisme des impressionnistes et de l'art académique. Joséphin Péladan, le "Sâr", démande à Schwabe l'affiche pour le Premier Salon de la Rose+Croix, auquel l'artiste expose plusieurs oeuvres en 1892. Ses illustrations pour L'Évangile de l'enfance, apocryphe traduit par Catulle Mendès, suscitent l'admiration du public et rendent le peintre quasiment célèbre du jour au lendemain. Dès lors, Schwabe mène une carrière continue, difficile mais passionnée, de peintre de chevalet et d'illustrateur. Son art d'une grande pureté et d'une invention très originale reflète une personnalité visionnaire et obsédée par la poursuite d'un idéal artistique et moral. Lié à la plupart des figures du mouvement symboliste, Schwabe fréquente Roger Marx, Mathias Morhardt, Jean Dolent, Stéphane Mallarmé, Gabriel Séailles, Édouard Schuré, Paul Desjardins, Maurice Pujo. Il rencontre Puvis de Chavannes, Rodin, Vallotton, Stéphane Mallarmé et, bien que solitaire, devient une des personnalités parisiennes en vue. Il contribue à l'exposition des Peintres de l'âme organisée en 1896 par la revue L'Art et la vie.  Ami de Vincent d'Indy et du compositeur Guillaume Lekeu, Schwabe subit durement la perte précoce de ce jeune génie qui meurt à vingt-quatre ans de la fièvre typhoïde en 1894. La présence de la mort hante alors l'oeuvre du peintre qui crée quelques-uns de ses chefs-d'oeuvres, La Mort du fossoyeur (Paris, musée d'Orsay), Le Destin, l'Affiche pour l'Audition d'oeuvres de Guillaume Lekeu etc.  Le mécénat de la comtesse Martine de Béarn, née Béhague, l'accompagne de 1897 à 1899 ; il crée pour elle La Passion (Genève, musée d'Art et d'Histoire) et la Vierge aux lys (Amsterdam, musée Van Gogh). Illustrateur très original, Schwabe a "révolutionné l'art de l'illustration", ainsi que l'écrivent les commentateurs, en particulier avec Le Rêve de Zola, qui surprit l'écrivain lui-même et dont les plus belles aquarelles furent acquises, sur sa recommandation, par l'État (Paris, musée d'Orsay). De 1892 à 1924, il conçoit une douzaine de livres de haut luxe pour des sociétés de bibliophiles, pourvus d'illustrations complexes : Baudelaire, Maeterlinck, Samain, Haraucourt, Catulle Mendès, Longus, Hérédia, Lamennais etc... Ses aquarelles de petit format, associent un art achevé du dessin à une maîtrise extraordinaire de la couleur et l'on y trouve aussi maints décors qui, dès 1891, annoncent certaines tendances de l'Art nouveau. Quelques grandes peintures (La Douleur, 1893), témoignent d'un synthétisme proche de Puvis. À partir du tournant du siècle, l'art de Schwabe évolue vers une plus grande souplesse qui mêle charnel et mysticisme héroïque. L'archaïsme cède la place à un goût du modelé qui, au-delà de tout académisme, tente de cerner le mystère de la vie sans céder à l'illusion du réel. Les illustrations des Paroles d'un croyant de Lamennais, où s'expriment les convictions sociales d'un Schwabe affecté par les suites de l'affaire Dreyfus (non juif, l'artiste s'était toutefois déclaré ouvertement dreyfusard, avec de funestes conséquences) forment un répertoire saisissant de lignes et de symboles où le peintre puise bientôt des visions extraordinaires. C'est la fameuse Vague de 1907 et ses études de femmes hurlantes, qui rappellent les hystériques de Charcot et les héroïnes de la scène opératique, Kundry, Elektra, Salomé. Pratiquant bientôt le paysage, le nu et le portrait, Schwabe continue surtout "d'enluminer" les textes de ses visions et livre jusqu'aux dernières années de sa vie des images saisissantes dans de grandes pages toujours symbolistes. c'est le cas des quatre oeuvres inspirées par "Les Noces du poète et de la muse", et encore du fameux Faune de 1923, sorte d'autoportrait symbolique : la monstruosité triste du dieu Pan et le chant mélancolique de sa syrinx évoquent le destin de l'artiste solitaire et douloureux. Après avoir illustré Pelléas et Mélisande en 1924, Schwabe travaillait aux charmantes et sensuelles pages pour Daphnis et Chloé lorsqu'il mourut, âgé de soixante ans, en 1926 au sanatorium d'Avon (Seine-et-Marne). C'est là qu'il repose, dans le petit cimetière, tout près de la tombe de la nouvelliste Katherine Mansfield. Successivement marié à Maria Vari, dont il eut six enfants, puis à Ombra d'Ornhjelm, sa seconde égérie, Schwabe avait reçu une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 et la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur (1901). Exposant au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, au Salon d'automne, ainsi qu'à la Sécession de Münich, il avait réuni en 1920 une importante série d'oeuvres pour une exposition rétrospective à la Galerie Moos de Genève, recevant alors l'hommage de sa ville et de la Confédération. Aucune rue de Genève ne porte encore toutefois son nom. En 1927, après une exposition posthume organisée à la Galerie Georges Petit, sa veuve, en accord avec ses enfants, fit don au musée d'Art et d'Histoire de Genève de l'ensemble des oeuvres encore présentes dans l'atelier de la rue Louis-David à Paris (XVIe ardt) où il vivait depuis 1913. Depuis le renouveau d'intérêt pour le symbolisme, l'oeuvre de Schwabe a été réétudiée et son inspiration comme sa technique ont retrouvé leur place dans l'histoire de l'art. Certaines oeuvres phare comme La Mort du fossoyeur (affiche de l'exposition L'ange du bizarre au musée d'orsay) ou La Vague, et ses études,  très souvent empruntées pour de grandes expositions après un siècle d'oubli, ont redonné à Schwabe son importance au sein de l'art des années 1890-1920, l'une des plus singulières.   https://www.franceculture.fr/emissions/les-regardeurs/la-vague-1907-de-carlos-schwabe

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https://www.franceculture.fr/emissions/les-regardeurs/la-vague-1907-de-carlos-schwabe

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